Ça y'est, vous avez trouvé la ville où investir, vous avez trouvé le bien, votre offre est acceptée, et il est temps de s'attaquer au montage dossier de financement. Investir sans apport représente en quelque sorte le Graal de l’investisseur immobilier de rendement. Et si l'on en croit les gourous des formations en immobilier sur YouTube, en dehors de cette option, point de salut 🤔
S’il est vrai que cette option est très avantageuse pour le jeune investisseur qui n’a que très peu de capital disponible pour réaliser son apport, nous allons voir que la réalité du terrain est plus complexe et qu’il faut aujourd’hui considérer l’investissement immobilier locatif sans apport comme une exception plutôt que la règle.
Qui plus est, le contexte d’octroi de crédit immobilier s’est profondément durci depuis 2019 et par conséquent, la recommandation d’investir sans apport dans l’immobilier locatif devient de plus en plus largement irréaliste.
Commençons par rappeler le sens de la recommandation traditionnelle d’investir dans un projet locatif sans apport. Quelles en sont les raisons ?
Quand on parle d’investissement locatif de rendement, on cherche généralement des projets où les loyers équilibrent les coûts (remboursement du crédit + autres charges). Ainsi, on n’a pas d’effort d’épargne à réaliser tous les mois, et on devient mois après mois propriétaire d’un bien sans débourser d’argent de sa poche. Si en plus on ne met pas d’apport initial dans le projet, on voit bien qu’on devient propriétaire d’un bien après 20 ou 25 ans sans avoir déboursé 1 euro de ses deniers personnels. L’effet de levier est donc infini : j’investis 0 et au bout du compte j’ai un bien d’un montant X.
L’effet de levier est calculé avec la formule Valeur finale du bien / Argent personnel investi (apport initial + effort d’épargne mensuel). On voit donc que plus on fait tendre la variable Argent personnel investi vers 0, plus l’effet de levier tend vers l’infini.
Cette approche est donc particulièrement intéressante pour le jeune investisseur qui n’a aucun capital à investir, car elle lui permet d’accéder à un projet d’investissement locatif malgré son absence d’épargne disponible.
Ceci étant dit, si l’investissement locatif sans apport est en théorie la meilleure approche, car elle fait porter un maximum de risque à la banque, le contexte réglementaire d’octroi de crédit s’est largement durci plusieurs années, et acheter un bien pour le louer sans apport devient, en 2022, de plus en plus compliqué.
Le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) est l’autorité macroprudentielle française chargée d’exercer la surveillance du système financier dans son ensemble, dans le but d’en préserver la stabilité et la capacité à assurer une contribution soutenable à la croissance économique.
Or le crédit immobilier étant la principale source d’endettement des Français, le HCSF a commencé, depuis quelques années, à donner des consignes de plus en plus strictes aux banques concernant l’octroi de crédit immobilier. S’il s’agissait jusque-là de simples recommandations, la donne change au 1er janvier 2022 puisque certaines normes deviennent obligatoires.
Voici donc ce qui devient obligatoire pour les banques à partir du 1er janvier 2022 :
Le texte complet de la décision du HCSF est accessible ici.
Ce qu’il faut retenir de ces évolutions :
Concrètement, sur le papier, il reste possible de réaliser un investissement locatif sans apport personnel, mais votre seule chance d’y arriver sera probablement :
Les banques restent libres d’appliquer les politiques d’octroi de crédit qu’elles souhaitent, dans la mesure où elles appliquent les normes du HCSF. Ces politiques évoluent d’une banque à l’autre, et tout au long de l’année en fonction des périodes.
Mais globalement, on voit avec les nouvelles normes du HCSF que les banques peuvent accepter moins de dossier de crédit immobilier qu’avant. En effet, les banques peuvent accepter aujourd’hui seulement 20% de dossiers non conformes, alors que début 2020 la production non conforme avoisinait les 50% (source : Communiqué de presse HCSF du 14 septembre 2021). Qui plus est, seuls 4% des dérogations sont alloués à l’investissement immobilier locatif, contre 16% pour la résidence principale.
À votre avis, un banquier qui doit choisir entre deux dossiers d’investissement locatif à financer, il choisit celui avec ou sans apport ?! 😉
Notre expérience terrain de plusieurs dizaines de dossiers d’investissements locatifs présentés à des établissements de crédit en direct ou via des courtiers nous montre aujourd’hui que dans la plupart des cas, un apport de l’ordre de 10% du montant total du projet est demandé. L’apport dépend de nombreux critères (montant du projet, montant des travaux, loyers prévisionnels, durée demandée, situation patrimoniale de l’emprunteur...), mais globalement, partir dans un projet d’investissement immobilier locatif en se disant qu’il faudra apporter 10% du montant total de ses propres deniers permet d’éviter les désillusions et les mauvaises surprises.
Note : la règle évoquée ci-dessus des 10% s’applique aux résidents français au sens fiscal (c.-à-d. ceux qui paient leurs impôts en France). Si vous êtes non résident fiscal, comptez plutôt 20 à 30% d’apport pour vos projets d’investissement immobilier locatif.
Nous avons appliqué la méthode présentée ici aux 100 plus grandes villes de France pour vous aider à planifier votre prochain investissement.
Chaque ville est rigoureusement analysée à l'aide de données chiffrées et nous vous présentons ses points forts / faibles.
Tout simplement l'analyse la plus complète en 2023 !
Bon alors voilà, ça y’est c’est dit, vous voulez faire un investissement immobilier locatif, il vous faudra un apport d’environ 10%. 💰💰💰
Mais alors, on fait quoi ? Est-ce que dans ces conditions l’investissement immobilier reste intéressant ou non ?
Concrètement, si on raisonne sur un projet d’investissement immobilier de rendement auto-financé (sans effort d’épargne mensuel), pour lequel vous avez dû mettre 10% d’apport initial. Par exemple, un projet à 300k€ tout compris, avec donc 30k€ d’apport, 270k€ d’emprunt sur 25 ans et pas d’effort d’épargne mensuel. Voici le bilan du projet, si le marché immobilier stagne :
Ainsi, même si vous mettez de l’apport dans un projet immobilier de rendement, ça reste de l’argent très bien placé qui travaille efficacement. Des taux d’intérêt à 10%, à part sur des actifs très risqués, ça ne se trouve pas.
Si vous avez de l’épargne dormante comme beaucoup de Français, alors même, on pourrait dire que mettre un apport dans votre projet d’investissement immobilier locatif est une excellente idée : Il vaut mieux avoir son argent qui travaille à 10% plutôt qu’à 0,5% sur un livret A.
Qui plus est, n’oubliez pas qu’un crédit immobilier est fait de plusieurs éléments principaux :
Ces trois éléments sont fortement corrélés. Autrement dit, si vous ne voulez pas mettre d’apport dans votre projet, il y a fort à parier que vous obteniez une durée de crédit moindre (20 ans plutôt que 25 par exemple). Et donc le cash-flow de votre projet sera fortement impacté. Tout est question d’équilibre donc, et mettre un apport dans un projet d’investissement locatif peut s’avérer une stratégie largement gagnante si elle vous permet d’obtenir un crédit plus long.
Pour conclure, et au risque de froisser les gourous de la rente immobilière qui présentent l’investissement immobilier locatif sans apport comme étant la seule solution viable, nous pensons au contraire chez Shaka (c'est nous ! Investissement Locatif Clé en Main) que l’ère de l’investissement locatif sans apport est révolue, en tout cas pour les années à venir.
En effet, les nouvelles normes d’octroi de crédit définies par le HCSF, qui revêtent un caractère obligatoire à partir du 1er janvier 2022, compliquent sérieusement les dossiers de crédit d’investissement locatif. Dans ces conditions, même si sur le papier l’investissement sans apport reste possible, on voit que les banques ne le pratiquent quasiment plus pour le locatif.
Cette nouvelle donne peut paraître désespérante pour tous ceux qui n’ont pas les moyens de mettre un apport en numéraire sur la table. Mais elle présente aussi une belle opportunité : en effet le nombre de dossiers d’investisseurs finançables va s’effondrer (il a déjà commencé) et par conséquent la concurrence diminue. Il redevient donc un peu plus simple de faire des bonnes affaires en investissement immobilier qu’il y a quelques années. Si vous ne pouvez pas mettre l’apport de vos propres deniers, vous pouvez toujours vous associer avec quelqu’un qui peut le faire et vous partager l’investissement (elle/il met l’apport et vous mettez l’effort de mise en place du projet).
Et pour celles et ceux qui ont les moyens de mettre un apport, l’investissement locatif avec apport présente de bons avantages :
Bref, l’investissement immobilier locatif avec apport n’est pas une hérésie, bien au contraire ! C’est même en train de devenir la norme.
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